Mission évangélique braille :45 kilos pour 21 volumes, le poids des Evangiles pour les aveugles

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Mission évangélique braille :45 kilos pour 21 volumes, le poids des Evangiles pour les aveugles

28 mai 2001
A Vevey, à l’ombre du géant Nestlé, la Mission évangélique braille exécute un travail de fourmi : rendre les écrits bibliques accessibles aux aveugles
Elle vient de terminer la traduction du Nouveau Testament en français fondamental, suivant de peu la parution du texte en librairie. 21 volumes d’un poids de 45 kilos ont été nécessaires pour contenir les Evangiles et les Psaumes. Et les quelques collaborateurs des lieux comptent bien s’attaquer à l’Ancien Testament dès l’automne, alors que par ailleurs est mise au point un petit appareil de poche dont la puce électronique pourra contenir une centaine d’heures de lecture de la Bible. Rencontre. A Vevey, la Mission évangélique braille (MEB), entièrement financée par les dons, se cache à l’ombre du célèbre centre administratif de Nestlé. A quelques mètres, la multinationale brasse des millions. Ici, on se réjouit de l’aboutissement d’un travail de fourmi : la traduction en braille de la toute nouvelle Bible en français fondamental. Enfin, pour l’instant, seulement les Psaumes et les Evangiles. L’Ancien Testament ne sera commencé qu’en automne. Ici, depuis 1956, une poignée de chrétiens zélés ne ménagent pas leur peine pour que les non voyants aient accès aux écritures saintes.

« Tout a commencé en 1931. Lorsqu’une jeune femme, Edith Hubert devint aveugle à l’âge de 20 ans. Peu à peu, elle s’est ouverte aux autres, a eu accès à la parole de Dieu », raconte Robert Schmid, secrétaire général. A Château d’Oex d’abord, à l’Auberson ensuite, la jeune handicapée consacre son énergie à ce que les aveugles ne restent pas coupés du message biblique. Sa maison sert de lieu d’accueil : durant de cours séjours, les non voyants viennent apprendre à lire le braille et se ressourcer. « Grâce au don d’une violoniste, explique encore Robert Schmid, la Mission reçoit cette villa et nous déménageons à Vevey en 1980. »

§La Bible à écouterLa MEB se consacre à deux activités principales : la sonothèque d’abord. En Europe, seuls 5% des aveugles savent lire couramment le braille. En Afrique francophone, où la Mission œuvre depuis plusieurs années, ils ne sont que 2%. D’où l’importance de leur proposer l’alternative de cassettes audio. « Sous nos latitudes, ce support a surtout du succès auprès des personnes âgées qui ont des problèmes de vue, note Christian Munier, collaborateur de la Mission. Nous en envoyons dans les cantons francophones, en France et en Belgique.

Appelée le « Megavoice », une invention encore en phase de test pourrait révolutionner le système : grâce au numérique, une centaine d’heures de lecture tiendra dans une petite puce électronique. De quoi éviter les 80 bandes nécessaires à l’ensemble d’une Bible.

§Version en français fondamental Et puis, patient labeur, il y a la traduction en braille. Après les version synodale et œcuménique (TOB), voici les 45 kilos et les 21 volumes de la traduction en français fondamental du Nouveau Testament. « Si on empile le tout, cela représente une pile d’une sacrée hauteur. Par chance, il est maintenant possible d’imprimer les points recto-verso, chose impossible par le passé », explique Alain Décoppet, qui a appris ce langage à 7 ans et le maîtrise avec une incroyable facilité. Chaque livre est édité en fonction des demandes, en Europe francophone mais aussi en Afrique noire où la MEB commence à ouvrir de petites bibliothèques pour aveugles. « Les malvoyants y sont considérés comme une malédiction par leur famille, souligne Robert Schmid. Nous essayons à travers des collaborations sur place, de sensibiliser la population à la réalité de ce handicap. De leur côté, les non voyants apprennent à devenir plus autonomes ; l’Evangile les aide à prendre leur vie en main, à quitter un fatalisme paralysant". Selon la belle expression de la MEB, c’est apporter un peu de lumière au bout des doigts.