Les Eglises protestantes vaudoises et les réfugiés victimes du nazisme: Courageuse confrontation avec le passé
25 avril 2001
Présentation aujourd'hui à Lausanne du rapport commandé par le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) sur l’attitude des Eglises protestantes vaudoises à l’égard des réfugiés entre 1933 et 1949
De cette relecture du passé, il ressort des résultats contrastés : d’une part l’attitude de l’Eglise nationale protestante, ambiguë, prudente jusqu’à la frilosité, scrupuleusement conforme aux décisions politiques de l’Etat, de l’autre la multiplication d’initiatives individuelles induites par des pasteurs courageux qui mirent toute énergie au secours des réfugiés. Les autorités d’aujourd’hui, par la voix du pasteur Antoine Reymond, membre du Conseil synodal, reconnaissent avec tristesse l’attitude critiquable adoptée par l’Eglise nationale de l’époque et réitèrent leur engagement à participer à la construction d’une société plus juste et plus fraternelle et à combattre avec vigueur le racisme et l’antisémitisme.Revisiter l’histoire sans se fermer les yeux sur les ombres du passé, c’est ce qu’a eu le courage de faire le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud en commandant à Mme. Nathalie Narbel un rapport sur les Eglises protestantes vaudoises et les réfugiés, victimes du nazisme (1933-1949). Ce travail, réalisé sous la direction du Professeur André Lasserre, qui a mené pour le canton de Vaud une recherche similaire sur la question de l’attitude des autorités politiques à l’égard des réfugiés, vient d’être présenté à Lausanne lors d’une conférence de presse.
§Antisémitisme latentIl met en évidence l’antisémitisme latent d’une grande partie de la société de cette époque, nourrie de préjugés racistes et religieux sur les Juifs. Les autorités de Eglises protestantes vaudoises n’ont pas échappé à ce climat ni à la culture du mépris chrétien à l’égard des Israélites. Elles ont aussi pratiqué une politique de l’autruche, ignorant l’ampleur des persécutions subies en Allemagne par les Juifs, par des chrétiens résistants et par certaines minorités et s’abstenant de prendre position publiquement.
L'étude de la chercheuse lausannoise éclaire l’attitude des commissions synodales exécutifs des deux Eglises protestantes de l’époque, soit l’Eglise libre, minoritaire et totalement indépendante, qui dénonça dès 1933 l’antisémitisme du régime nazi et se préoccupa du sort des protestants allemands opposés à Hitler, et l’Eglise nationale qui avait à rendre des comptes à l’Etat. Cette dernière refusa de se prononcer sur la situation en Allemagne, malgré la division des protestants allemands entre ceux qui soutenaient le régime hitlérien et ceux qui s’y opposaient, malgré la montée des persécutions à l’égard des Juifs dénoncée dès la première heure par le théologien bâlois Karl Barth, malgré les exhortations du pasteur zurichois Paul Vogt à venir en aide aux Juifs poursuivis et considérant qu’il s’agissait d’un devoir dicté par Dieu. Très choqué par la Nuit de cristal du 9 au 10 novembre 1938, le pasteur zurichois réagit avec une énergie hors du commun afin d’accueillir et de soutenir le plus de réfugiés possible en dépit de la fermeture des frontières ordonnée en août de cette même année.
Dans le canton de Vaud, des voix individuelles s’élevèrent contre le christianisme impérialiste et intolérant de ceux qui voulaient démontrer que les Juifs étaient responsables des persécutions qu’ils subissaient et pour organiser l’aide aux réfugiés.
Il en fut d’autres, au sein du corps pastoral, qui affichèrent ouvertement leurs liens avec la Ligue Vaudoise, leurs convictions nationalistes, pro-nazies et antisémites. L’Eglise nationale vaudoise ne les désavoua jamais, se contentant de les freiner dans leur ardeur propagandiste.
§Aide concrète aux réfugiésC'est sur le terrain que l’Eglise nationale s’est manifestée le plus concrètement à travers la Commission de secours aux réfugiés évangéliques créées en 1939. Jules Vincent qui s’occupait de l’évangélisation populaire de la paroisse de Saint-François depuis 1933, fut sans doute le pasteur le plus engagé aux côtés des réfugiés et cela dès les débuts de l’afflux de réfugiés.
Cette Commission vaudoise put aider entre 18 et 75 personnes par an durant dix ans. Elle ne fut financièrement soutenue que par la charité publique, ce qui fera qu’elle sera sans arrêt préoccupée de trouver l’argent nécessaire à son action.
Aida-t-elle exclusivement des chrétiens ? Chaque communauté épaulait ses coreligionnaires. Toutefois, les archives ne relèvent pas trace d’obligation de présenter un certificat de baptême prouvant la confession des réfugiés. Dans l’urgence et l’afflux toujours plus important des réfugiés, les priorités dictées sur le terrain furent sans doute bien ailleurs.
§Antisémitisme latentIl met en évidence l’antisémitisme latent d’une grande partie de la société de cette époque, nourrie de préjugés racistes et religieux sur les Juifs. Les autorités de Eglises protestantes vaudoises n’ont pas échappé à ce climat ni à la culture du mépris chrétien à l’égard des Israélites. Elles ont aussi pratiqué une politique de l’autruche, ignorant l’ampleur des persécutions subies en Allemagne par les Juifs, par des chrétiens résistants et par certaines minorités et s’abstenant de prendre position publiquement.
L'étude de la chercheuse lausannoise éclaire l’attitude des commissions synodales exécutifs des deux Eglises protestantes de l’époque, soit l’Eglise libre, minoritaire et totalement indépendante, qui dénonça dès 1933 l’antisémitisme du régime nazi et se préoccupa du sort des protestants allemands opposés à Hitler, et l’Eglise nationale qui avait à rendre des comptes à l’Etat. Cette dernière refusa de se prononcer sur la situation en Allemagne, malgré la division des protestants allemands entre ceux qui soutenaient le régime hitlérien et ceux qui s’y opposaient, malgré la montée des persécutions à l’égard des Juifs dénoncée dès la première heure par le théologien bâlois Karl Barth, malgré les exhortations du pasteur zurichois Paul Vogt à venir en aide aux Juifs poursuivis et considérant qu’il s’agissait d’un devoir dicté par Dieu. Très choqué par la Nuit de cristal du 9 au 10 novembre 1938, le pasteur zurichois réagit avec une énergie hors du commun afin d’accueillir et de soutenir le plus de réfugiés possible en dépit de la fermeture des frontières ordonnée en août de cette même année.
Dans le canton de Vaud, des voix individuelles s’élevèrent contre le christianisme impérialiste et intolérant de ceux qui voulaient démontrer que les Juifs étaient responsables des persécutions qu’ils subissaient et pour organiser l’aide aux réfugiés.
Il en fut d’autres, au sein du corps pastoral, qui affichèrent ouvertement leurs liens avec la Ligue Vaudoise, leurs convictions nationalistes, pro-nazies et antisémites. L’Eglise nationale vaudoise ne les désavoua jamais, se contentant de les freiner dans leur ardeur propagandiste.
§Aide concrète aux réfugiésC'est sur le terrain que l’Eglise nationale s’est manifestée le plus concrètement à travers la Commission de secours aux réfugiés évangéliques créées en 1939. Jules Vincent qui s’occupait de l’évangélisation populaire de la paroisse de Saint-François depuis 1933, fut sans doute le pasteur le plus engagé aux côtés des réfugiés et cela dès les débuts de l’afflux de réfugiés.
Cette Commission vaudoise put aider entre 18 et 75 personnes par an durant dix ans. Elle ne fut financièrement soutenue que par la charité publique, ce qui fera qu’elle sera sans arrêt préoccupée de trouver l’argent nécessaire à son action.
Aida-t-elle exclusivement des chrétiens ? Chaque communauté épaulait ses coreligionnaires. Toutefois, les archives ne relèvent pas trace d’obligation de présenter un certificat de baptême prouvant la confession des réfugiés. Dans l’urgence et l’afflux toujours plus important des réfugiés, les priorités dictées sur le terrain furent sans doute bien ailleurs.