A Genève, le temple des Pâquis s'ouvre aux marginaux
28 mars 2001
Tous les samedis soirs, le temple du quartier des Pâquis à Genève est ouvert de 18h à 22h pour accueillir ceux qui veulent manger un sandwich et se réchauffer en buvant une tasse de thé
Le temps d’une soirée, la nef de cet austère lieu de culte prend des airs de Café du commerce. Voilà 9 ans que l'Eglise ouverte reçoit habitués et gens de passage. Reportage.Bernard* verse de l’eau chaude sur les granulés au fond de sa tasse en plastique. Mince, la soixantaine, Bernard n’est pas un SDF (sans domicile fixe). Il habite le quartier mais il a parfois des fins de mois difficiles, alors il vient de temps en temps passer son samedi soir au temple. Il vient pour la bonne ambiance du lieu mais aussi pour manger. Il regarde autour de lui, amusé: «Ces gens qui vont et viennent dans l’Eglise, c’est quand même moins solennel que la messe ou le culte», ajoute-t-il avant d’aller se mêler à un groupe d’hommes qui discutent ferme près de la chaire.
§Juste un lieu d’accueilPrésidente d’«Eglise ouverte», Anne-Marie Frei précise qu’il s’agit d'un lieu d’accueil qui n’a pas l’ambition de se substituer à un service social: «Au temple, on trouve les adresses des lieux d’accueil d’urgence de la ville et nous pouvons donner des conseils à ceux qui en demandent, mais nous n’avons ni les moyens, ni les structures adéquates pour aider les gens à se réinsérer dans la société». Dans le quartier, on apprécie le travail es 15 bénévoles qui se relaient pour assurer la permanence chaque samedi. Plusieurs boulangeries des environs mettent régulièrement à la disposition de la communauté du samedi soir leurs invendus de la journée.
§Pas de violencePrès de l’entrée du temple, le pasteur Thierry Delay, responsable de la paroisse de Saint-Gervais-Pâquis, promène son regard sur l’étrange congrégation éparpillée dans son église. «En général, on voit passer 50 à 60 personnes chaque samedi soir» explique-t-il. Il est très engagé dans le projet d’«Eglise ouverte»: «On accueille des sans-abri, des démunis, mais aussi des personnes qui, sans être marginales, viennent ici pour trouver de la compagnie car elles se sentent seules. On croise des gens de toutes nationalités et de religions diverses. Nous ne leur demandons ni leur nom ni leurs papiers. Le fait que nous soyons dans une Eglise n’est pas sans importance, cela induit un certain respect de la part des gens, même s’ils ne sont pas croyants. Ici, les règles sont claires: pas de violence, pas d’alcool ni de cigarette à l’intérieur du temple. Nous n’avons aucun mal à les faire respecter. Parfois, ajoute-t-il, certaines personnes souhaitent avoir une discussion sur un thème spirituel avec moi ou l’un ou l’autre des bénévoles. Nous nous y prêtons volontiers, mais cela n’est jamais imposé. Nous ne faisons que 4 célébrations par an et pour ménager les sensibilités, nous ne faisons pas de Sainte Cène. Il est important que personne ne se sente exclu», conclut-il.
Ce soir, Thierry Delay est assisté de trois bénévoles qui se promènent entre les groupes disparates. Christiane est l’une d’entre elles. Elle prend part à la discussion de Marc et Fernando. Les deux hommes se connaissent de longue date. Marc a dans les soixante ans. Grand voyageur, il a choisi sa vie d’errance et émaille la conversation d’anecdotes vécues au cours de ses voyages. Fernando, la cinquantaine, est d’origine espagnole. Pas tellement versé dans la religion, il apprécie cependant le cadre qu’offre le temple: «L’avantage, c’est que c’est grand ici, on ne se sent pas oppressés comme dans les foyers sociaux», affirme-t-il.
Une jeune femme s’approche des deux potes: «Vous n'avez pas vu Aline? Je la cherche partout.» Jeanne est une habituée des services sociaux de la ville.
Soudain, on entend des éclats de voix. Deux hommes sont sur le point d’en venir aux mains. On les sépare. Après une brève discussion avec le pasteur,l’un d'eux quitte l'église. L’incident est clos. Les conversations reprennent. Marc ressort tranquillement la plaisanterie qu'il était en train de raconter à Fernando: «C’est l’histoire d’un prêtre qui rencontre un pasteur et un rabbin... ».
§*prénoms fictifs
§Juste un lieu d’accueilPrésidente d’«Eglise ouverte», Anne-Marie Frei précise qu’il s’agit d'un lieu d’accueil qui n’a pas l’ambition de se substituer à un service social: «Au temple, on trouve les adresses des lieux d’accueil d’urgence de la ville et nous pouvons donner des conseils à ceux qui en demandent, mais nous n’avons ni les moyens, ni les structures adéquates pour aider les gens à se réinsérer dans la société». Dans le quartier, on apprécie le travail es 15 bénévoles qui se relaient pour assurer la permanence chaque samedi. Plusieurs boulangeries des environs mettent régulièrement à la disposition de la communauté du samedi soir leurs invendus de la journée.
§Pas de violencePrès de l’entrée du temple, le pasteur Thierry Delay, responsable de la paroisse de Saint-Gervais-Pâquis, promène son regard sur l’étrange congrégation éparpillée dans son église. «En général, on voit passer 50 à 60 personnes chaque samedi soir» explique-t-il. Il est très engagé dans le projet d’«Eglise ouverte»: «On accueille des sans-abri, des démunis, mais aussi des personnes qui, sans être marginales, viennent ici pour trouver de la compagnie car elles se sentent seules. On croise des gens de toutes nationalités et de religions diverses. Nous ne leur demandons ni leur nom ni leurs papiers. Le fait que nous soyons dans une Eglise n’est pas sans importance, cela induit un certain respect de la part des gens, même s’ils ne sont pas croyants. Ici, les règles sont claires: pas de violence, pas d’alcool ni de cigarette à l’intérieur du temple. Nous n’avons aucun mal à les faire respecter. Parfois, ajoute-t-il, certaines personnes souhaitent avoir une discussion sur un thème spirituel avec moi ou l’un ou l’autre des bénévoles. Nous nous y prêtons volontiers, mais cela n’est jamais imposé. Nous ne faisons que 4 célébrations par an et pour ménager les sensibilités, nous ne faisons pas de Sainte Cène. Il est important que personne ne se sente exclu», conclut-il.
Ce soir, Thierry Delay est assisté de trois bénévoles qui se promènent entre les groupes disparates. Christiane est l’une d’entre elles. Elle prend part à la discussion de Marc et Fernando. Les deux hommes se connaissent de longue date. Marc a dans les soixante ans. Grand voyageur, il a choisi sa vie d’errance et émaille la conversation d’anecdotes vécues au cours de ses voyages. Fernando, la cinquantaine, est d’origine espagnole. Pas tellement versé dans la religion, il apprécie cependant le cadre qu’offre le temple: «L’avantage, c’est que c’est grand ici, on ne se sent pas oppressés comme dans les foyers sociaux», affirme-t-il.
Une jeune femme s’approche des deux potes: «Vous n'avez pas vu Aline? Je la cherche partout.» Jeanne est une habituée des services sociaux de la ville.
Soudain, on entend des éclats de voix. Deux hommes sont sur le point d’en venir aux mains. On les sépare. Après une brève discussion avec le pasteur,l’un d'eux quitte l'église. L’incident est clos. Les conversations reprennent. Marc ressort tranquillement la plaisanterie qu'il était en train de raconter à Fernando: «C’est l’histoire d’un prêtre qui rencontre un pasteur et un rabbin... ».
§*prénoms fictifs