La religion, version Dieudonné

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La religion, version Dieudonné

23 mars 2001
Dieudonné imagine une galerie rocambolesque de portraits, pour commenter cette nouvelle incroyable
Du catholique collabo au jeune de banlieue, en passant par le beauf’, le comédien décrypte les penchants de nos contemporains à travers leurs certitudes religieuses. Décapant !

Artiste engagé, le comédien pourfend au passage l’injustice sociale, l’intolérance et la lâcheté. Son jeu très précis fait mouche : le succès, qui n’était pas donné d’avance, est au rendez-vous. "C’est vrai que lorsque j’ai écrit ce spectacle, personne n’aurait parié un clou dessus. On me disait : Qu’est-ce que tu vas les faire chier ? Les gens ne vont déjà plus à l’église."

La religion version Dieudonné, elle, semble bien attirer son public. Sur scène, le comédien apostrophe le juge de Judas, parlant de Jésus : “ Vous ne l’avez pas connu, Monsieur. Il suffit de voir la représentation que vous en avez faite. Non mais, qu’est-ce que c’est que ce grand blond sec, genre Brad Pitt ? ”.

"Le rôle de l’humour dans le religieux est d’humaniser le religieux ”, commente simplement Dieudonné. “ Je ne m’interdis pas de croire en Dieu, mais ma religion première est l’humour. Pour moi, l’autodérision est le concept le plus proche de l’intelligence et les prophètes sont des humoristes. Mais on n’a gardé que leur sérieux et aujourd’hui, on s’endort dans les églises. Or, le trop sérieux m’inquiète."

Cela n’empêche pas l’humoriste d’être sérieux, tout à coup : “ Qui a trahi, Judas, le bouc émissaire à qui l’église a refusé le pardon, ou l’église qui s’est approprié la parole du Christ ? Moi, j’ai décidé de pardonner à Judas, car le pardon est le sens le plus noble de la conscience humaine"”.

Et Dieudonnéd'ajouter:

"Pour moi, Jésus était un révolutionnaire d’extrême gauche, l’expression même de la conscience libertaire. Il a malheureusement inspiré une église d’extrême droite."

Provocateur Dieudonné ? "C’est sûr que je provoque, mais les vrais provocateurs sont ceux qui ont intérêt à ce que rien ne bouge. J’amène juste un peu d’autodérision dans un univers qui en avait bien besoin."

§"Pardon Judas!", mercredi 2 mai, Théâtre de Beausobre à Morges