BE-JU: L'Eglise réformée fait campagne contre le harcèlement sexuel
"Des hommes et des femmes travaillent ensemble au sein de l'Eglise, il est donc possible que des situations de harcèlement se produisent", affirme Samuel Lutz, président du Conseil synodal des Eglises réformées Berne-Jura. Si le Conseil synodal adopte un programme de lutte contre le harcèlement et les abus sexuels dans le cadre de l'Eglise, ce n'est pourtant pas en réaction à une affaire qui aurait provoqué une prise de conscience. S'agit-il d'une action préventive? "En réalité, même si nous n'avons aucune statistique et qu'il n'y a pas de cas connus, nous savons que le problème existe", relève le pasteur Lutz.
§Les femmes prennent l'initiativeLe projet de lutte contre le harcèlement au sein de l'Eglise a été proposé par les membres de la commission de la condition féminine du Conseil synodal, conscientes que les femmes sont généralement plus exposées aux abus que leurs confrères masculins. Outre les pasteures et les diacres, les Eglises Berne-Jura comptent environ 22'800 femmes bénévoles à leur service. Avec une représentation féminine aussi marquée, il paraissait essentiel que la question du harcèlement soit abordée. La brochure a été rédigée par un groupe exclusivement féminin, mais ne fait évidemment aucune discrimination et s'adresse à tous, indépendamment du sexe et du statut professionnel. Cet opuscule définit qu'il y a abus sexuel chaque fois qu'une personne qui travaille dans le cadre de l'Eglise profite de sa position pour assouvir ses désirs sexuels. Il précise également qu'une avocate bernoise, Mme Bettina Steinlin-Plattner, a été mandatée par le Conseil synodal pour venir en aide au victimes.
§Sensibiliser les collaborateurs de l'Eglise"Le but premier de ce programme est de sensibiliser les gens qui travaillent pour l'Eglise, de manière à ce qu'ils prennent conscience de leur attitude vis-à-vis de leurs collègues, qu'ils soient en mesure de reconnaître un comportement ambigu, et sachent comment réagir si quelqu'un vient se confier à eux", explique Samuel Lutz. Pour que les victimes osent parler, elles doivent savoir que leur problème est pris en compte et qu'elles ont à disposition des moyens de se défendre. Le Conseil synodal a adopté diverses mesures répressives à l'encontre des collaborateurs qui se rendraient coupables de harcèlement, allant du blâme au renvoi immédiat. Ce règlement n'est contraignant que pour les employés de l'Union synodale Berne-Jura, mais le Conseil recommande aux paroisses d'adopter des mesures semblables.
En lançant cette campagne contre le harcèlement sexuel, l'Eglise Berne-Jura fait office de pionnière et Samuel Lutz est curieux de connaître la réaction des autres Eglises cantonales: "Nous allons mettre la brochure à la disposition des différentes Eglises de Suisse et j'espère bien que notre travail suscitera une réflexion."