Tourner l'échec en un enrichissement personnel et spirituel
21 février 2001
En un temps où seule la réussite compte, les échecs peuvent devenir particulièrement cuisants et source de dépression
Aux grands maux les grands remèdes: l'association chrétienne Kaïros propose rien de moins que de modifier l'approche de la vie. Rencontre avec son co-fondateur et principal animateur, le conseiller en relation d'aide vaudois Bertrand Amaudruz.
Photos de Bertrand Amaudruz disponibles à Protestinfo 021/312 89 54 "La réussite évite de se poser les questions fondamentales, explique Bertrand Amaudruz. Elle distrait des vrais enjeux, empêche d'entrer en profondeur". Fort de vingt-cinq ans d'expérience dans la rencontre de personnes de tous âges, dans le travail de rue, Bertrand Amaudruz estime que l'échec peut être l'occasion de changer son approche générale de la vie. Passionné par cette question, il a récemment fondé avec des amis l'association Kaïros (voir encadré) qui offre des entretiens individuels et des séminaires d'approfondissement spirituel. Soumise à la supervision d'experts pluri-disciplinaires (juriste, enseignante, économiste, consultant, médecin), Kaïros s'adresse à toute personne voulant redonner du sens à sa vie. On la consulte plus particulièrement suite à un échec, en sachant qu'elle n'a rien d'autre à proposer que l'Evangile.
Faut-il pour autant être croyant?: "Beaucoup de gens qui me sollicitent n'ont aucune croyance religieuse. Ils ont complètement oublié le propos de la Bible, mais ils sont assez ouverts d'esprit et honnêtes pour se dire: "L'Evangile? Et Pourquoi pas?"
§Funeste cocktailLe défi est de taille. En effet, derrière l'échec présent se profile les échecs passés qui entretiennent le cercle vicieux de la haine de soi, de la culpabilité et du remords. D'autre part, tout un chacun mesure combien il est en porte-à-faux par rapport aux idéaux d'honnêteté, de solidarité et de dévouement prônés dans nos sociétés occidentales, sans même parler, pour ce qui concerne les chrétiens, de l'impératif de perfection exigé des hommes par Dieu. Dernier ingrédient de ce funeste cocktail, le fait que la société actuelle discrédite la seule évocation de l'échec, rendant difficile le dialogue avec un interlocuteur de confiance: "La plupart du temps, les portes se ferment, car la faiblesse fait peur. On n'a plus personne à qui parler. On est vaincu. C'est un glissement vers le néant. Il n'y a qu'à voir dans quel état se retrouvent les gens qui ont axé toute leur existence autour du travail et qui perdent leur emploi suite à une restructuration. Moralement, ils sont brisés".
Loin de consoler les gens qui le sollicitent pour un entretien particulier, Bertrand Amaudruz leur recommande au contraire d'oser vivre leur échec jusqu'au bout, et de percevoir la profonde solitude où ils se trouvent: "A ce stade, la pertinence d'un sauveur se fait jour en eux".
§Tout s'écrouleAlors seulement peut se mettre en place une autre approche de l'existence. Car ce n'est pas l'échec proprement dit qui est responsable du désarroi – il fait partie de la vie comme l'air que l'on respire - , mais la façon de l'envisager: "Je rencontre souvent des gens qui se sont donnés un mal fou pour concrétiser leurs projets professionnels et familiaux. Un jour, pourtant, tout s'écroule, et ils sont impuissants à l'empêcher. Ils n'arrivent plus à domestiquer les événements alors qu'ils se croyaient maîtres de leur destinée". Cas également fréquents: les personnes en fin de carrière qui ont atteint tous leurs objectifs et se demandent ce qu'ils leur restent pour aborder la dernière phase de leur vie: "La sensation d'échec vient du fait qu'ils ont négligé une dimension essentielle: leur appétit de beauté, de bonté, d'infini, d'éternité, autant d'aspirations avec lesquelles on naît et dont il faut tenir compte sous peine de se sentir perpétuellement insatisfaits. Nous avons été créés pour cette vie-là, pas pour réussir dans la vie. C'est en ce sens qu'il faut changer".
§Quelques heures suffisentLe programme proposé par Bertrand Amaudruz est d'une ambition qui peut paraître délirante. Pourtant, il suffit en général de moins de dix rencontres pour satisfaire la demande spirituelle de ses "clients" et les préparer à affronter les secousses de la vie: "Il n'y a rien de plus efficace que de renouer avec son Créateur. Les échecs ne disparaissent pas, ni les angoisses, ni les peurs, mais on se sent plus fort pour les affronter. On est plus audacieux car on se sait accompagné par Dieu. On prend le risque de dire non, de déplaire, de ne pas toujours être compris, de montrer ses faiblesses. En résumé, on ose être soi".
§Les non croyants aussiBertrand Amaudruz reçoit entre 15 et 20 personnes par semaine, et les non-croyants ne sont pas les derniers à entrer dans une telle démarche et à y trouver des résonances avec leur expérience: "Je leur explique l'Evangile en termes actuels. En général, cela fait tilt. Car la Bible leur propose de devenir eux-mêmes. Cela n'implique pas qu'ils bouleversent leur vie, mais qu'ils bouleversent leur approche de la vie, et donc de l'échec".
§Prochain séminaire sur l'échec, samedi 14 avril de 9h à 17h à Crêt-Bérard, Case postale, 1070 Puidoux, tel 021/946.03.60, Fax 021/946.03.78, E-mail : cberard@worldcom.ch.
Renseignements auprès de Bertrand Amaudruz, tél. 078/764.22 77, fax 021/791.16.44.
Photos de Bertrand Amaudruz disponibles à Protestinfo 021/312 89 54 "La réussite évite de se poser les questions fondamentales, explique Bertrand Amaudruz. Elle distrait des vrais enjeux, empêche d'entrer en profondeur". Fort de vingt-cinq ans d'expérience dans la rencontre de personnes de tous âges, dans le travail de rue, Bertrand Amaudruz estime que l'échec peut être l'occasion de changer son approche générale de la vie. Passionné par cette question, il a récemment fondé avec des amis l'association Kaïros (voir encadré) qui offre des entretiens individuels et des séminaires d'approfondissement spirituel. Soumise à la supervision d'experts pluri-disciplinaires (juriste, enseignante, économiste, consultant, médecin), Kaïros s'adresse à toute personne voulant redonner du sens à sa vie. On la consulte plus particulièrement suite à un échec, en sachant qu'elle n'a rien d'autre à proposer que l'Evangile.
Faut-il pour autant être croyant?: "Beaucoup de gens qui me sollicitent n'ont aucune croyance religieuse. Ils ont complètement oublié le propos de la Bible, mais ils sont assez ouverts d'esprit et honnêtes pour se dire: "L'Evangile? Et Pourquoi pas?"
§Funeste cocktailLe défi est de taille. En effet, derrière l'échec présent se profile les échecs passés qui entretiennent le cercle vicieux de la haine de soi, de la culpabilité et du remords. D'autre part, tout un chacun mesure combien il est en porte-à-faux par rapport aux idéaux d'honnêteté, de solidarité et de dévouement prônés dans nos sociétés occidentales, sans même parler, pour ce qui concerne les chrétiens, de l'impératif de perfection exigé des hommes par Dieu. Dernier ingrédient de ce funeste cocktail, le fait que la société actuelle discrédite la seule évocation de l'échec, rendant difficile le dialogue avec un interlocuteur de confiance: "La plupart du temps, les portes se ferment, car la faiblesse fait peur. On n'a plus personne à qui parler. On est vaincu. C'est un glissement vers le néant. Il n'y a qu'à voir dans quel état se retrouvent les gens qui ont axé toute leur existence autour du travail et qui perdent leur emploi suite à une restructuration. Moralement, ils sont brisés".
Loin de consoler les gens qui le sollicitent pour un entretien particulier, Bertrand Amaudruz leur recommande au contraire d'oser vivre leur échec jusqu'au bout, et de percevoir la profonde solitude où ils se trouvent: "A ce stade, la pertinence d'un sauveur se fait jour en eux".
§Tout s'écrouleAlors seulement peut se mettre en place une autre approche de l'existence. Car ce n'est pas l'échec proprement dit qui est responsable du désarroi – il fait partie de la vie comme l'air que l'on respire - , mais la façon de l'envisager: "Je rencontre souvent des gens qui se sont donnés un mal fou pour concrétiser leurs projets professionnels et familiaux. Un jour, pourtant, tout s'écroule, et ils sont impuissants à l'empêcher. Ils n'arrivent plus à domestiquer les événements alors qu'ils se croyaient maîtres de leur destinée". Cas également fréquents: les personnes en fin de carrière qui ont atteint tous leurs objectifs et se demandent ce qu'ils leur restent pour aborder la dernière phase de leur vie: "La sensation d'échec vient du fait qu'ils ont négligé une dimension essentielle: leur appétit de beauté, de bonté, d'infini, d'éternité, autant d'aspirations avec lesquelles on naît et dont il faut tenir compte sous peine de se sentir perpétuellement insatisfaits. Nous avons été créés pour cette vie-là, pas pour réussir dans la vie. C'est en ce sens qu'il faut changer".
§Quelques heures suffisentLe programme proposé par Bertrand Amaudruz est d'une ambition qui peut paraître délirante. Pourtant, il suffit en général de moins de dix rencontres pour satisfaire la demande spirituelle de ses "clients" et les préparer à affronter les secousses de la vie: "Il n'y a rien de plus efficace que de renouer avec son Créateur. Les échecs ne disparaissent pas, ni les angoisses, ni les peurs, mais on se sent plus fort pour les affronter. On est plus audacieux car on se sait accompagné par Dieu. On prend le risque de dire non, de déplaire, de ne pas toujours être compris, de montrer ses faiblesses. En résumé, on ose être soi".
§Les non croyants aussiBertrand Amaudruz reçoit entre 15 et 20 personnes par semaine, et les non-croyants ne sont pas les derniers à entrer dans une telle démarche et à y trouver des résonances avec leur expérience: "Je leur explique l'Evangile en termes actuels. En général, cela fait tilt. Car la Bible leur propose de devenir eux-mêmes. Cela n'implique pas qu'ils bouleversent leur vie, mais qu'ils bouleversent leur approche de la vie, et donc de l'échec".
§Prochain séminaire sur l'échec, samedi 14 avril de 9h à 17h à Crêt-Bérard, Case postale, 1070 Puidoux, tel 021/946.03.60, Fax 021/946.03.78, E-mail : cberard@worldcom.ch.
Renseignements auprès de Bertrand Amaudruz, tél. 078/764.22 77, fax 021/791.16.44.