Nuit blanche à la cure: Le pasteur écrit des polars

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Nuit blanche à la cure: Le pasteur écrit des polars

19 septembre 2000
Dans le silence de la nuit, un pasteur zurichois, Ulrich Knellwolf, écrit des romans policiers dont la noirceur n'a rien à envier aux maîtres du genre
"Mort à Sils Maria" tiré à 50'000 exemplaires, est un best-seller outre-Sarine. Fort de ce succès et habité par le plaisir quotidien de l'écriture, Ulrich Knellwolf sort un à deux polars par an, dont les titres sont souvent un clin d'œil à la culture biblique. L'auteur assure faire, par ce biais, de la théologie narrative. Sortie fin septembre, de son dernier polar, "Un protestant au Vatican".

§Photos disponibles chez M. Ulrich Knellwolf, téléphone: (01) 395.24.24, fax: (01) 395.24.25 "Docteur Luther rencontre Miss Highsmith", "Roma Termini", "La nuit de Zwingli", "Un tapis rouge pour le Messie", "Adam, Eve & Cie" "Un taxi pour Bethléem": les titres des romans de Ulrich Knellwolf sont autant de clins d'œil à la culture chrétienne dans laquelle il baigne en tant que pasteur, responsable de l'aumônerie du complexe hospitalier et médico-social des diaconesses de Neumünster au Zollikerberg. Il faudrait en fait parler de "nouvelles criminelles bibliques" plutôt que de romans. C'est d'ailleurs ce terme qui est mentionné sur la couverture du volume "Adam, Eve & Cie". Un genre propre au pasteur zurichois, d'origine appenzelloise, qui a poursuivi ses études de théologie à Bâle, Bonn et Zurich, avant de se passionner pour un autre pasteur écrivain, le bernois Jeremias Gotthelf, auquel il a consacré sa thèse de doctorat. C'est avec "Meurtre à Sil Maria", tiré à 50'000 exemplaires, que l'auteur s'est fait connaître et s'est créé un public de lecteurs assidus. Depuis ce succès de librairie, il a enchaîné les livres au rythme d'un à deux titres par an. C'est la nuit, dans le silence de sa maison à Zollikon, qu'il écrit ses nouvelles policières.

Ulrich Knellwolf avoue avoir toujours aimé raconter des histoires, d'abord à l'église, au cours de ses prédications, alors qu'il était pasteur à Urnäsch, puis à Zollikon. Il a écrit son premier polar, "La nuit de Zwingli", il y a seize ans. Depuis, il n'a cessé d'écrire.

§Crimes impunisSe sent-il plus écrivain que pasteur? Il précise qu'il est les deux, à égalité. Et qu'il fait en réalité de la théologie narrative. S'il raconte des crimes souvent impunis, c'est pour mieux laisser le libre arbitre au lecteur, de la même façon qu'il est libre dans la vie de choisir le bien ou le mal, en son âme et conscience.

"Je ne crois pas aux directives qu'on donne aux gens du haut d'une hiérarchie", explique-t-il, bien installé dans son salon design, où les livres se disputent les murs avec des toiles de la peintre contemporaine Hanny Fries et des gravures de Peter Handke. "Les chrétiens sont majeurs et libres, il faut les laisser interpréter le monde à travers leur foi de chrétien et leur lecture de la Bible. Nous sommes tous en quelque sorte des pasteurs".

Ses romans seraient, en quelque sorte, des exercices d'entraînement pour que le lecteur s'exerce à faire le bon choix entre le bien et le mal.

L'homme a belle allure avec sa haute stature, sa crinière poivre et sel et sa barbe taillée de près. Il s'exprime dans un français impeccable mais déplore que ses romans ne soient pas traduits en français, mais seulement en finlandais, où il a été invité à donner un cours d'histoire ecclésiastique de la Suisse. Il dit trouver ses sujets dans la rue. "Je n'invente pas grand-chose"! dit-il en riant, la réalité est suffisamment romanesque"! Il ne raconte que la réalité qu'il a glanée dans la colonne des faits divers et la vie de tous les jours. Il le fait à coup de phrases courtes qui claquent et dans un style efficace qui ont su plaire. Son prochain roman policier sort ce mois-ci, il porte un titre bien dans l'air du temps, "Un protestant au Vatican".