Berne: le Grand conseil enterre la Faculté de théologie catholique chrétienne

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Berne: le Grand conseil enterre la Faculté de théologie catholique chrétienne

13 septembre 2000
La décision du Grand conseil bernois de fusionner les Facultés de théologie catholique chrétienne et protestante de l'Université de Berne provoque déception et amertume
"C'est une grande perte", s'exclame Denise Wyss, prêtre catholique chrétienne à Baden. "C'est une part importante de notre identité qui est perdue", regrette Käthi Böhm-Vogt, Présidente de la Fédération des femmes catholiques chrétiennes de Suisse. Avec cette fusion disparaît la seule Faculté de théologie catholique au monde indépendante de Rome. Avec une quinzaine d'étudiants pour quatre professeurs, la Faculté de théologie catholique chrétienne de l'Université de Berne n'a pas trouvé grâce devant le Grand Conseil. Les partisans de la fusion l'ont emporté par 92 voix contre 57, malgré l'engagement du recteur de l'Université et de la direction des deux Facultés concernées pour le maintien de deux entités séparées. C'est le 1er septembre 2001 que verra officiellement le jour la toute nouvelle "Faculté de théologie catholique chrétienne et protestante". Le Parlement bernois a ainsi enterré la seule Faculté de théologie catholique au monde indépendante de Rome: "C'est la seule Faculté d'Etat au monde à donner un enseignement catholique libéral et où les femmes peuvent se former à la prêtrise", commente Denise Wyss, prêtre catholique chrétienne à Baden. "C'est une part importante de notre identité qui est perdue", ajoute Käthi Böhm-Vogt, Présidente de la Fédération des femmes catholiques chrétiennes de Suisse. La Faculté fêtait l'an dernier ses 125 ans d'existence.

§Avenir incertainDans l'immédiat, aucun poste n'est supprimé. Mais les objectifs d'économie de plus en plus pressants du gouvernement bernois pourraient entraîner, à long terme, des réduction d'effectif dans le corps professoral catholique chrétien, notamment par le biais de départs à la retraite non remplacés: "Si l'on n'y prend pas garde, l'institut catholique chrétien pourrait petit à petit se désagréger", s'inquiète le professeur protestant Maurice Baumann, qui désapprouve vigoureusement la décision du Grand Conseil bernois. "On n'a pas pris la mesure du rôle oecuménique capital joué par nos collègues catholiques chrétiens. Ils entretiennent des liens privilégié avec les Eglises orthodoxes et anglicanes. Nous, protestants, en profitons beaucoup". Très présente sur le plan des échanges internationaux, la Faculté catholique chrétienne compte une moitié d'étudiants provenant de l'étranger parmi lesquels de nombreux orthodoxes et anglicans. "Mais rien ne prouve qu'ils continueront à venir étudier à Berne quand nous ne serons plus qu'un institut au sein d'une faculté protestante", termine Urs von Arx, doyen de la faculté catholique chrétienne.

§Tensions avec RomeLa fusion intervient à un moment difficile pour la communauté catholique chrétienne qui a reçu de plein fouet le document "Dominus Iesus dans lequel le grand frère romain réaffirme son magistère de façon spectaculaire, et suite à la béatification controversée par Jean-Paul II du Pape Pie IX qui a été, en 1870, à l'origine du schisme entre catholiques romains et catholiques chrétiens pour avoir décrété l'infaillibilité papale.