A Eysins (VD), une forêt qui deviendra jardin

Samuel Dépraz, Gilles Metzener, Yves Loerincik / © Association Jardin-Forêt d’Eos
i
Samuel Dépraz, Gilles Metzener, Yves Loerincik
© Association Jardin-Forêt d’Eos

A Eysins (VD), une forêt qui deviendra jardin

Eden
Sous le sol gelé du domaine agricole de Sous-Cor (Eysins), géré par Alicia Perego, couve un projet d’envergure : un jardin-forêt de 3000 m2.

Le projet est accompagné par l’association Jardin-Forêt suisse. Ici pousseront des plantes de différentes tailles, des fruitiers à haute-tige comme des kakis, des arbustes comme des jujubiers, mais aussi des lianes comme les kiwis, des fruits et légumes anciens à récolter, des plantes médicinales…

A l’origine de ce projet, trois co-fondateurs passionnés de nature: Samuel Depraz, ancien ingénieur, aux valeurs «proches du protestantisme» et qui a connu une «conversion écologique» en 2019, Gilles Metzner, paysagiste passionné de biodiversité, et Yves Loerincik, qui a fondé plusieurs entreprises dans la durabilité. Ce dernier, diplômé de physique, est fasciné par le champ de recherches qui s’ouvre dans l’agronomie. «Par rapport à des technologies qu’on maîtrise, qu’on peut modéliser, on est aujourd’hui incapable de comprendre cette forme de permaculture, car on connaît encore très peu les interactions entre les plantes, les sols.» L’association collaborera avec des laboratoires de recherche. «Je pense qu’à l’hectare, nos coûts seront plus élevés que dans l’agriculture classique, si on ne considère pas les externalités positives, qui sont nombreuses. Et nos produits seront plus originaux, moins habituels… Mais je crois néanmoins que de tels systèmes sont hyperproductifs, en plus de régénérer les écosystèmes: c’est ce qu’on aimerait valider scientifiquement.»

Les projets d’agroforesterie et de jardin-forêt sont pleinement efficaces après quelques décennies: régénérer le vivant prend du temps. Et Yves Loerincik a de la suite dans les idées. «Nous réfléchissons à développer une pépinière, pour territorialiser la production d’arbres et de semences. On pourrait ainsi sélectionner les plants qui résistent le mieux aux extrêmes climatiques dans notre région.»

Aujourd’hui financé par ses cofondateurs et des donateurs privés, le lieu n’a pas vocation à la rentabilité. L’association y voit d’autres enjeux: capter le CO2, retenir l’eau, promouvoir le concept auprès de particuliers. Et éduquer les plus jeunes: au cœur du lieu, un espace accueillera des scolaires pour des travaux de taille, de culture, de paillage, mais aussi l’observation d’insectes et de plantes, des cours de botanique… Pas de doute, le Jardin-forêt d’Eos, déesse de l’Aurore qui lui donne son nom, regarde vers l’avenir.