Diacre, une profession en mutation

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Diacre, une profession en mutation

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Le métier de diacre est prisé des quadragénaires en reconversion professionnelle. Il souffre pourtant d’une baisse des vocations. Une nouvelle formation des Eglises réformées devrait le rendre plus attractif.

Par définition, le diacre, qui vient du grec diakonos, est un serviteur. Il ou elle exerce la responsabilité sociale de l’Eglise, relève l’Office protestant de formation (OPF), chargé de la formation des ministres. Traditionnellement, le diacre se consacre à l’accompagnement spirituel dans les hôpitaux, les EMS, les prisons ou dans la rue.

En constante évolution, le métier ne cesse de s’étoffer et de se diversifer pour répondre aux besoins de l’Eglise et de sa présence dans la société. Les diacres remplissent aujourd’hui des fonctions pastorales comme la célébration de cultes, l’organisation de camps ou la rédaction d’articles (voir la série de portraits de diacres publiés dans les pages vaudoises de Réformés depuis septembre 2023). Le métier requiert des compétences sociales et des aptitudes de communication car le diacre doit pouvoir s’adresser à des personnes d’âges différents dans des contextes sociaux variés. Des capacités de gestion de projets et d’organisation sont aussi des atouts.

Stage réduit de 18 à 12 mois?

Alors, comment devient-on diacre? «Dans le canton de Vaud, un engagement dans l’Eglise est requis, de même qu’une formation professionnelle de niveau ES (école supérieure) ou supérieur, ou une validation d’acquis d’expérience», explique Jean-Christophe Emery, directeur de Cèdres Formation. La plupart des candidats ont un premier métier à leur actif et viennent de milieux aussi variés que la santé, le social, la communication ou l’immobilier. Après deux ans de formation en cours d’emploi au Séminaire de culture théologique, le parcours exige 18 mois de stage et 60 jours de cours organisés par l’OPF. Une durée qui devrait être réduite à 12 mois dès 2025.

Datant d’une dizaine d’années, le cursus a montré ses limites et doit être transformé en profondeur. Selon le directeur de l’OPF, Didier Halter, «tout est encore en discussion à propos de cette nouvelle formation diaconale». «Les récents changements sociétaux ont modifé le rapport des gens à l’Eglise et il s’agit de former des gens capables d’innover, de transformer et de répondre à la baisse des vocations», ajoute Jean-Christophe Emery.

Pénurie d’ici 10 ans

Car le risque de pénurie est réel. D’ici dix ans, presque 50% des ministres actifs seront à la retraite. Il y a un problème d’attractivité de ces professions, peu ou mal connues, et souffrant d’une mauvaise image de l’Eglise dans le public. D’où l’idée de développer de nouvelles filières professionnelles pour les animateurs d’Eglise. Rémunérés par l’Eglise cantonale et souvent occupés à temps partiel (76% en moyenne), les diacres touchent un salaire annuel plus bas (78'787 francs en début de carrière) que les pasteurs (87'511 francs), lesquels ont suivi des études plus poussées, selon l’Office des ressources humaines de l’EERV.

Dans le canton de Vaud, la profession pourrait connaître de grands changements. Avec le projet de redécoupage des paroisses de l’EERV, qui pourraient passer de 86 unités à 25 ou 30 (voir notre édition d’avril), les professionnels devront travailler davantage en équipes et se répartir les compétences, estime Jean-Christophe Emery. Un nouveau défi pour cette profession de diacre sans doute amenée à développer plus de projets et à coacher les bénévoles de l’Eglise.