Performance artistique dans une église : verboten !

"Pressure to Perform" (Capture d'écran, 2016) © Alexander Karle / "Pressure to Perform" (Capture d'écran, 2016) © Alexander Karle
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"Pressure to Perform" (Capture d'écran, 2016) © Alexander Karle
"Pressure to Perform" (Capture d'écran, 2016) © Alexander Karle

Performance artistique dans une église : verboten !

25 mai 2018
L’artiste Alexander Karle a effectué une série de pompes sur l’autel de la basilique Saint-Jean à Sarrebruck, en Allemagne, dans le cadre d’une performance. Un tribunal régional a sanctionné ce genre d’activités. (Source EPD)

Sarrebruck (EPDProtestinter) Selon le tribunal régional supérieur de la Sarre (Oberlandesgericht ou OLG), en se filmant en train de faire des pompes sur l’autel d’une église, l’artiste Alexander Karle s’est rendu coupable de perturbation des activités religieuses. Cette initiative menée dans la basilique catholique Saint-Jean représente «un trouble et un acte insultant», a déclaré Margot Burmeister, la présidente de la cour, mardi dernier à Sarrebruck. L’OLG a donné ainsi gain de cause à un appel interjeté par le parquet général contre le verdict du tribunal régional.

En janvier 2016, Alexander Karle s’était filmé en train d’enjamber le cordon de protection du sanctuaire de la basilique Saint-Jean de Sarrebruck avant d’effectuer 26 pompes sur l’autel. La vidéo a ensuite été publiée sous le titre «Pressure to Perform» (pression à la performance). En janvier 2017, le tribunal cantonal de Sarrebruck l’a condamné à une amende pour violation de domicile et perturbation des activités religieuses. Le tribunal régional de Sarrebruck a ensuite cassé ce jugement et réduit les charges retenues contre lui à celle de violation de domicile, prononçant une nouvelle amende en juillet 2017.

Un manque de respect

D’après l’OLG, l’acte en question revenait à «littéralement fouler aux pieds» l’autel. Du point de vue d’un «hypothétique observateur raisonnable», c’était là un manque de respect «flagrant» envers le lieu de culte, bien que d’après les constatations présentées en première instance, les visiteurs présents au moment des faits ne s’en soient pas offusqués, a affirmé Margot Burmeister. L’OLG a renvoyé l’affaire au tribunal régional, qui doit maintenant déterminer de nouveau le quantum de la peine. Un éventuel recours devant le tribunal constitutionnel fédéral apparaît comme improbable. Après le prononcé du jugement, Alexander Karle a évoqué un «scandale». Son geste relève à ses yeux de la liberté de création. L’artiste de 40 ans a affirmé n’avoir pas agi dans le but de provoquer, mais d’inciter à la réflexion. «J’ai fait ce que j’ai fait dans l’amour et la foi en Dieu.»

Son appel, excipant du droit à la liberté d’expression, a été rejeté comme infondé par l’OLG. Le verdict ne restreindrait en effet sa liberté artistique que de manière «marginale». Ce sont ici le droit au libre exercice des activités religieuses et la liberté de domicile de l’Église catholique qui l’emportent. Enfin, Alexander Karle aurait pu effectuer ses pompes «sur l’autel d’une église désacralisée, ou bien une réplique construite spécialement pour l’occasion» sans que le sens de sa performance artistique en soit fortement altéré.

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