la difficulté d'accueillir

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la difficulté d'accueillir

La bénédiction des couples du même sexe divise les Eglises réformées de Suisse romande.

Lorsqu’il s’agit de légiférer sur une bénédiction pour les couples de même sexe, les positions des Eglises divergent. A chacune sa recette. Le risque d’une division interne apparaît comme la crainte première et relègue le débat au second plan.

Oser le débat

L’Eglise protestante de Genève (EPG) a décidé, en novembre, de rouvrir les discussions sur la bénédiction et les gestes liturgiques. En 2006, le sujet avait déjà été porté à l'ordre du jour mais rien de concret n'avait été décidé. La réflexion ne fait que s’emmancher, et la priorité est d’inclure toutes les sensibilités théologiques.

Ce débat au sein de l’EPG permettra sûrement de ne pas répéter l’histoire vaudoise. Depuis 2014, les ministres de l’Eglise réformée vaudoise (EERV) ont la possibilité de célébrer un rite pour partenaires enregistrés. Cette décision a marqué une division profonde avec l’aile évangélique, fermement opposée à ce nouvel acte ecclésiastique. Résultat: l’EERV a une célébration d’accueil des personnes unies par le partenariat enregistré civilement. Elle se compose notamment d’une prière pour chacune des personnes du couple et se déroule au cours d’un culte. A la différence du mariage, ce rite ne comporte pas de bénédiction. Jusqu’à présent, moins de dix couples ont eu recours à cette célébration.

la crainte du schisme

L’art du compromis s'applique aussi à Neuchâtel. En 2007, la bénédiction pour les couples du même sexe a été refusée par l’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel (EREN). Depuis, le dossier est en stand-by.

Avec le projet EREN 2023, la priorité est «d’abord de réfléchir à ce que notre Eglise souhaite être et souhaite offrir comme témoignage à la société neuchâteloise pour les vingt années à venir, avant d’initier d’autres débats», explique Christian Miaz, président de l’EREN. Une pirouette qui évite de mettre sur la table la question de la bénédiction des couples du même sexe. Elle risquerait de provoquer le départ de membres qui sont de généreux contribuables.

Pourtant, le président du Conseil synodal, Christian Miaz, insiste: «Si une personne homosexuelle n’est pas accueillie dans notre Eglise par un ministre, c’est pour moi une faute professionnelle.» «Nous serons amenés à rouvrir le dossier de l’union des personnes du même sexe et à aborder les réalités des personnes LGBTI, car le mariage pour tous et l’adoption sont des questions traitées actuellement au niveau fédéral», projette Pia Grossholz, conseillère synodale des Eglises Berne – Jura – Soleure.

Depuis 1997, les couples de même sexe peuvent être bénis dans les trois Eglises, bien que, dans les textes, cette bénédiction ne concerne que les «personnes en situation de vie particulière». Un terme fourre-tout qui «évitait de parler explicitement d’homosexualité, car cette notion n’était pas envisageable à l’époque», selon Pia Grossholz.

 

L’inclusivité à la française

La loi sur le mariage pour tous est acceptée en France en avril 2013. En 2015, l’Eglise protestante unie de France (EPUdF) autorise ses ministres à célébrer des bénédictions pour les couples du même sexe. Une décision qui suscite la controverse et donne naissance au mouvement contestataire des Attestants.

Aujourd’hui, l’accueil des personnes LGBTI n’est pas acquis partout. Ses défenseurs développent une théologie inclusive. «L’inclusivité, c’est prendre conscience de l’exclusion, la discrimination et l’oppression de certains de nos membres. C’est ensuite chercher à ce que, en pratique, chacun se sente accueilli», explique Joan Charras Sancho, théologienne et animatrice de l’antenne inclusive de la paroisse de Saint-Guillaume à Strasbourg.

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