«Dans notre société sécularisée, il est important pour l’Église de marquer les grandes fêtes»

Jean Chollet / © Jean Chollet / Réformés.ch / Jean Chollet / © Jean Chollet / Réformés.ch
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Jean Chollet / © Jean Chollet / Réformés.ch
Jean Chollet / © Jean Chollet / Réformés.ch

«Dans notre société sécularisée, il est important pour l’Église de marquer les grandes fêtes»

Entretien
L’homme de théâtre et pasteur vaudois, Jean Chollet a présenté mardi 22 mai sa dernière programmation pour l’Espace culturel des Terreaux, à Lausanne. Fourmillant de projets, il prendra sa retraite, à l’été 2019.

À la tête de l’Espace culturel des Terreaux (ECT) pendant près de quinze années, quelle a été votre plus grande fierté?

Premièrement, c’est d’avoir suscité ce type de projets dans l’Église protestante. Les protestants sont des personnes qui apprennent et travaillent, ils ne mettent pas en priorité l’émotion que provoque un spectacle. Il s’est passé 17 ans entre le moment où j’ai parlé de cet espace et sa création. Sur l’ensemble des événements, nous avons rassemblé plus de 250’000 personnes, en près de 14 ans.

Si je devais retenir des spectacles en particulier, ce seraient ceux que j’ai réalisés avec des jeunes pour Noël. J’ai la conviction que dans notre société sécularisée où la pratique cultuelle s’effondre, il est important pour l’Église de marquer les grandes fêtes. «Noël à Brooklyn» ou «Noël tziganes» ont été de magnifiques expériences avec des jeunes qui se sont réellement investis.

Est-ce que vous avez des regrets par rapport à l’ECT?

Il y a plein de choses que j’aurais aimé faire. Par exemple, des spectacles entre midi et 14h, davantage d’expositions ou encore créer des ateliers pour les jeunes et les seniors. Mais ce sont de petits regrets qui ne m’ont pas empêché de dormir. Je rêve également de monter «Les tentations de Saint-Antoine» de Flaubert, depuis au moins vingt ans. Je pensais le faire aux Terreaux, cela n’a pas été le cas.

La saison 2018-2019 sera votre dernière, quels sont les rendez-vous incontournables?

Nous ouvrons la saison avec Clémentine Célarié dans «Sur la route de Madison», c’est un des spectacles phare. Un autre événement auquel nous tenons énormément s’appelle «Je-tu-il». Il est interprété par des artistes en situation de handicap, ils ont une présence scénique extraordinaire. Et encore, «Mon rêve en Bidonville» qui m’a été inspiré par les personnes que j’ai rencontrées dans un bidonville de Tanarive, à Madagascar. Elles vivent dans une situation de pauvreté extrême. Nous allons faire une tournée en Suisse et à Madagascar. Tous les participants à cette pièce sont bénévoles. L’argent obtenu sera transformé en riz pour les habitants de ces quartiers.

Il y également de beaux rendez-vous musicaux, notamment «L’allegro, il Penseroso ed il Moderato» de Haendel, interprété par la Schola de Sion. Nous proposons aussi deux ballets d’Octavio de la Roza, qui a été danseur étoile de Maurice Béjart.

Vous allez prendre votre retraite en été 2019, quels sont vos projets pour la suite?

J’en ai plusieurs. Je n’ai jamais exclu l’idée d’être un pasteur normal dans une paroisse normale, si cela peut rendre service. Deuxièmement, je travaille sur un projet depuis de nombreuses années avec l’Église protestante unie de France: il s’agit de créer un espace à Paris, dans l’idée de celui des Terreaux. Mon troisième projet concerne le bidonville de Madagascar. J’aimerais construire des salles de travail, une petite bibliothèque et une salle de spectacle pour les enfants. Et encore un autre projet secret, dont je vous parlerai dans six mois.

En 2007, vous avez créé l’Espace culturel Saint-Martial à Avignon qui permet aux comédiens et techniciens des Terreaux de travailler toute l’année. Est-ce que vous allez continuer cette activité?

Oui, je vais continuer pendant encore deux ou trois ans, mais je suis gentiment en train de passer les rênes.

Et par rapport à l’ECT, que va-t-il se passer après votre départ?

Peut-être que la ligne va un peu changer, c’est normal. Une mise au concours va se faire prochainement.

Vous êtes également pasteur à Saint-Laurent-Eglise, est-ce que le concept va perdurer après votre retraite?

Selon notre dernière rencontre avec le Conseil synodal (exécutif), le projet va continuer. Le Conseil de Saint-Laurent-Eglise s’est mis à la recherche de successeurs.

Bio express
 

  • 7 mai 1954: naissance à Vucherens dans le canton de Vaud
  • Formation universitaire en théologie ainsi qu’à l’École romande d’art dramatique à Lausanne
  • 1982: création de la Compagnie de la Marelle
  • 1988-2007: directeur du Théâtre du Jorat, à Mézière
  • 2004: fondation de l’Espace culturel des Terreaux avec le pasteur Serge Molla. Jean Chollet en sera le directeur jusqu’en 2019.
  • 2010: consécration en tant que pasteur.