Une histoire changeante

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Une histoire changeante

Macaire Gallopin
10 mars 2024
Les changements, des passages nécessaires ? Une Plume d’Erguël du pasteur de St-Imier Macaire Galoppin, parue dans le Feuille d’avis du district de Courtelary, le vendredi 8 mars.

Notre vie est faite de changements. Le monde autour de nous, l’écosystème dans lequel nous évoluons. Mais surtout, nous changeons. Au gré ou malgré nos expériences de vies, avec le temps qui passe, nous nous métamorphosons. De l’enfant à l’adolescent, de l’adolescent à l’adulte, de l’adule à la personne âgée, le temps inexorablement nous transforme.

Le philosophe Paul Ricoeur se demandait ce qui fait que malgré tous ces changements dans nos vies, quelque chose de nous reste nous-même ?  Qu’est-ce qui fait qu’entre le bébé que j’étais il y a des années et l’adulte que je suis aujourd’hui, je me reconnaisse comme une et même personne ? La réponse du philosophe dira qu’au fond ne nous sommes jamais les mêmes car la vie nous transforme. Maladies, deuils, évolutions, nouvelles responsabilités, la vie elle-même nous rend différent de celui ou celle que nous étions il y a 10 minutes, 3 jours ou 30 ans. Mais quelque chose demeure : c’est notre histoire, même la capacité de relier entre eux ces différents changements dans un continuum narratif qui relie chaque étape de notre identité et déroule ainsi le fil de notre vie pour créer une histoire, notre histoire.

Les changements de la vie sont des étapes difficiles. Et c’est souvent dans les larmes et la douleur que nous nous transformons. Nous prenons actes, dans tout changement, de ce que nous avons perdu, qu’au fond nous ne sommes plus les mêmes. Et cela coûte de ne plus être le même, pour nous qui aimons tant la stabilité et tenons en horreur toute modification de planning préétabli.

Lorsqu’un événement soudain vient bousculer notre quotidien et nous invite au changement, il s’agira pour nous de repérer ce qui, dans cette transformation, est une opportunité, voir non pas seulement ce que nous perdons, mais voir aussi là où nous pouvons gagner. Pour réussir à faire entrer tous ces changements dans notre histoire, pour les apprivoiser et réussir à se dire que « c’est moi », cette histoire tissée avec les fils du bien et du mal, du triste et du joyeux. C’est moi, mon histoire.

La semaine passée, nous étions accompagnés par le texte biblique de la transfiguration dans l’évangile de Marc, un classique de la période du carême où il s’agit de relire des textes fondateurs du ministère terrestre de Jésus. Un texte qui nous parle justement de changement, de profonde métamorphose. Dieu change, nous changeons, cela fait des histoires à raconter.