Prix Farel: Un réalisateur tessinois filme le quotidien d'une aumônière de police

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Prix Farel: Un réalisateur tessinois filme le quotidien d'une aumônière de police

11 octobre 2010
©swissinfo.ch

Avec Yvonne, l'ange de la Police, Paolo Tognina part sur les traces d'une pionnière suisse: la première aumônière, femmes et hommes confondus, chez les gardiens de l'ordre, en ville de Zurich. Son film est en lice pour le Prix Farel à Neuchâtel dimanche 17 octobre (lire ci-dessous). En 2008, le producteur des émissions religieuses sur la TSI y avait remporté la catégorie courts-métrages avec L'Evangile selon Schubert. Interview.


Par Samuel Ramuz

Protestinfo:
Paolo Tognina, comment le réalisateur que vous êtes a-t-il atterri dans l'univers des aumôniers de police?

Paolo Tognina: Il y a quelques années, j'avais déjà rencontré un pasteur, aumônier chez les pompiers zurichois et professeur de théologie. Pompier lui-même, il m'avait introduit dans cet univers particulier, très masculin. J'avais alors été marqué par son témoignage de la tuerie au Parlement de Zoug en 2001, où il était intervenu.


P:
Mais pourquoi avoir braqué votre caméra sur Yvonne Waldboth?

PT: J'ai entendu parler du travail de cette pasteure via la presse. J'avais alors été frappé d'apprendre qu'elle avait été la première aumônière de police du pays, femmes et hommes confondus. Un tel accompagnement spirituel des forces de l'ordre existait déjà en Allemagne, en Italie ou en Espagne côté catholiques. Mais rien de tel en Suisse.

 

P: C'est donc cet insoupçonné travail de terrain que vous avez voulu dévoiler?

PT: C'est ça. Avec un caméraman et un preneur de son, nous avons par exemple suivi l'aumônière lors d'une patrouille de police dans le milieu de la prostitution zurichoise. Ceci dit, il y a dans mon film peu de place pour de véritables scènes d'action (démantèlement d'un trafic de drogues, recours aux chiens policiers, course-poursuite). Simplement parce que l'essentiel de son travail est ailleurs.

 

P: Précisément, quel est l'essentiel de son métier?

PT: L'écoute. Soumis à une pression extrême, souvent atteints de stress, les policiers en ont profondément besoin. Le hic, c'est que les entretiens qu'elle mène avec les agents sont très peu télévisuels. J'ai donc décidé de recourir aux archives vidéos. Le film évoque par exemple l'incendie du Zimmerleuten il y a 3 ans, un des plus beaux bâtiments de la vieille ville, où un pompier avait péri. L'aumônière commente alors les images de cet événement, où elle avait apporté son soutien attentif.

 

P: Vouliez-vous aussi montrer l'apport spécifique d'une femme dans un univers professionnel largement masculin?

PT: Bien sûr. On entend beaucoup dire que ces métiers se féminisent. Ce qui est vrai, mais seulement dans une certaine proportion. La fonction d'enseignante de Mme Waldboth (ndlr: éthique pour les aspirants) prend ici toute son importance. Mais je tiens à dire que ma démarche a très vite été comprise par les force de l'ordre, qui ont apprécié que les médias ne soient pas d'abord là pour dénoncer les lacunes de leur travail, mais pour montrer sa réalité.

 

P: Plus largement, vos productions suivent-elles une ligne éditoriale?

PT: J'aime mettre en lumière l'action des Eglises dans la société, montrer comment leurs paroles peuvent injecter du sens hors du contexte strictement ecclésial. A ce titre, la trajectoire de cette aumônière est assez révélatrice. C'est une fille de restaurateurs d'Olten, confrontée aux gens de toutes origines sociales dès son plus jeune âge. Elle est tout à fait hors sérail et ceci explique certainement un bout de son parcours.

 

P: Finalement, qu'attendez-vous de ce Prix Farel 2010?

PT: C'est une occasion unique de monter mon travail de producteur-réalisateur à d'autres professionnels et donc de m'y mesurer. Mais aussi d'élargir mes canaux de diffusion. C'est certainement le Prix que j'avais décroché il y a deux ans qui m'a valu une reprise sur des chaînes françaises et italiennes.

Vous avez dit Prix Farel?

Le film de Paolo Tognina est en lice dans la catégorie moyen-métrage du 23e Prix Farel. L'événement, qui se déroule cette année du 15 au 17 octobre (Théâtre du Passage, Neuchâtel), s'appelle aussi « Festival international du film à thématique religieuse ». Une trentaine de films au total concourent dans les trois catégories selon leur durée (format court-moyen-long). La journaliste de la TSR Muriel Siki présidera le jury.

Le Prix se profile comme un « lieu privilégié de rencontres et d'échanges entre professionnels », peut-on lire sur le site internet (www.farel.tv). Depuis quelques années, il a été complété par un séminaire décentralisé organisé les années impaires, ailleurs en Europe. « La santé des films à thématiques religieuses est étincelante », note Cédric Némitz, président de l'Association du Prix Farel, qui a d'ailleurs dû se résoudre à refuser des films.

Dimension oecuménique

Mais pourquoi Farel? Au XVIe siècle, le Réformateur français Guillaume Farel imprime sa marque dans le paysage confessionnel suisse romand. Et en particulier celui de Neuchâtel. En 1967, dans la même ville, les Eglises réformées de Suisse romande lancent un Prix pour récompenser le réalisateur de la meilleure émission protestante diffusée sur la Télévision suisse romande. Le Prix Farel est né.

Depuis, il a pris une dimension oecuménique. Et s'est ouvert aux émissions religieuses de langue française (TF1, RTBF et Radio Canada), aux pays latins et aux émissions de TV locales (câblées ou hertziennes)..Plus d'infos
Yvonne, l'ange de la Police sera en lice dimanche 17 octobre à 13h30. Les horaires de toutes les projections et plus d'infos sur www.farel.tv.